Regards sur l'artiste et son travail


Le modelage de la terre s’est imposé à Chris Jobert comme son moyen d’expression favori.

À voir ses doigts pétrir l’argile et jouer avec les techniques mixtes (pigments, textiles, écorces...) qu’elle utilise pour étendre son registre initial, on sent la jubilation habiter son geste à la fois spontané et maîtrisé.

 Les silhouettes, les traits de ses sujets traduisent une sensualité discrète, pudique, instillée patiemment dans leur secret enfantement.

 

Chris Jobert ne s’attache pas à « représenter ». Elle suggère, elle raconte. Par-delà le principe originel, à peine figuratif, de leur conception, ces créations tendent vers une narrativité ouverte, poétique et allégorique.

Dialogue de l’ombre et de la lumière, formes hiératiques empreintes d’humilité, murmure ou chant des couleurs et des contrastes, danse des lignes mêlées, tourmentées ou apaisées, caressantes ou saillantes, ces créations tissent leur harmonie autour d’un point d’équilibre en suspens perpétuel.

Nées de l’imaginaire, comme exhumées d’un univers enfoui, elles se dressent tel un viatique, émergeant des profondeurs de la psyché, du dedans vers le dehors. Elles se présentent à notre regard sans exiger d’autre clef que notre intuition ou notre instinct. Elles ne dictent aucune lecture imposée, ne délivrent nul autre message que celui d’une célébration toujours renouvelée du corps et de l’âme humaine, en proie, mais aussi en résistance, au vertige de l’oubli.

A travers le prisme de la matière ainsi transcendée, aux franges esquissées, comme inachevées pour mieux nous laisser fantasmer sur leurs invisibles prolongements, le travail de l’artiste cristallise nos universelles interrogations sur le devenir de la nature et la destinée de l’être, aux liens intimement entremêlés. On y perçoit l’écho des affres du chaos, de l’exil, de la détresse et du dénuement, du temps qui passe et qui altère, mais où survivent et sourdent la dignité, l’amour, la beauté et l’espérance.

 

Chris Jobert se reconnaît dans ces mots du poète Bernard Noël : « Ma langue naît dans la langue morte ; elle arrache la peau qui trop signifiait, elle agite en l’air ce verbe défait, et le sens lui vient comme vient le souffle sur la nudité... »

Si pour elle l'art, dans ses variations infinies, se doit d’être intelligible à tous, elle aime rappeler qu'il reste avant tout la quête d’une émotion, une aventure intime, singulière, en attente de partage et de rencontres.

Chris Jobert travaille et expose dans son atelier aux portes de Honfleur.

 

Noriam Orush Rhein, 2016.

Sculptures de Chris Jobert atelier galerie Artiste sculpteur à Honfleur